Épopée

L’homme a besoin de chausser son ignorance,
Et de retourner à la pleureuse du temps,
Pour se rappeler qu’il a vénéré le soleil et la pluie,
Qu’il a fait des cercles de pierres
Pour implorer les grâces des vents,
Qu’il a longtemps consoler ses morts
Avec des vases d’argile
Et qu’il s’est rappelé souvent
Avec beaucoup d’insouciance
Le mystère de sa naissance.

Figures

Figures masculines
Figurines
Golem de rêves
Glaise de désirs
Tu me cours après
je te suis
dédale de chimères
je lèche
ton corps de plâtre, d’Éphèbe
– Tes yeux –
Est-ce toi qui me piège ?
Je rêve !
Pouvoir de tes cheveux de pierre
Tendres parcours de lumières
Non que je t’aime
je brûle
– conscience qui s’éclaire –
et me déplace
d’images en images
qui dessinent le réel
noces sempiternelles
réitérées, continuelles
à l’aile de ton nom défendu
bouche sacrée
la vérité à main nue
rhizome du rêve.

Ariane

La femme, l’amante, la mère
Être toutes
et n’être qu’une seule
Être enfin
comme un homme

Impossible alchimie
de l’esprit, de l’instinct et du cœur
qui court
le long d’une vie

Séparation douloureuse d’avec l’enfant
qui surgit dans ses bras d’innocence
et d’exigence
qui nourrit et veut être nourri

Homme aux désirs multiples
inassouvis

Refuge interminable
de la femme
qui se perd et s’éloigne

SATISFAIRE
tous ces désirs en flamme
qui la consume
qui la condamne
à naître toute femme
dédale
de ses désirs à elle
elle perd le fil.

Dans sa nudité onirique

Dans sa nudité onirique
– Nicholas –
l’elliptique blondeur pudique
iris au pénis étamine
a ouvert les yeux bleus de sa cage thoracique
par l’embrasure fine
– plongeon dans la treille du désir –
jouisselant nos pubis,
jusque là infirmes
un firmament de la hanche au coccyx
oh coquelicot de la salive saline,
tes cymules dessinent
soleil des mains capucines
vierge verge
vergers en fleurs de vertèbres
adventive je vrille
ton doux tronc d’orme pépie
– souffle chlorophylle –
aux contreforts de tes racines
frissons d’aréoles à cinéole
sous la langue ligneuse du laurier
pouces de mousse,
auriculés
candides velléités
rameaux de volupté
volubile l’occiput
liber jusqu’à la plante des pieds
verte tige
tu t’enracines
indécente déhiscence
en pleine canopée
tu ulules et capitules
orgasme caduc,
nous revoilà bifides.

Hieros gamos

Homme hiéroglyphique
Je cherche ta nuit
Je cherche ta cloche
AVOISINANTE
Je cherche la faille
et le bris de ton costume – danse
DANSE
de ton abri
IMMENSE MOI
de ce que je ne déchiffre pas
ABSOLUMENT
lance
et élance
un message
joue
joute moi joute moi joue de moi
blanche
IMPRIME MOI la défaite
du fantasme – SENS
SANS SENS
que je crée dès que je te vois –
franche –
franchis la limite
l’anse, l’angle
AVIDE MOI et vide-moi
de mes sens,
de mon sens
décontenance-toi
contiens-moi CAR CAR
JE PENSE, je vis
et je dis
MENS
DÉMENS la virilité de ton rire,
la vulgarité de ton avenir
rends MAIS rends-moi
l’obstination de ma défiance
RIS DE MOI
et suggère-moi
INVITE-MOI
à déclarer l’impuissance de ma voix
PANSE ce que tu déclares en moi
PANSE ce que tu éclates en moi
car tu MARASMES l’intelligibilité que j’ai de moi
mais longe PROLONGE-MOI
étends-moi ce désir
lent
lentement dense
blesse l’autorité que j’ai sur moi
et dégage-moi, étrangle-moi
ce rêve veule que j’ai de toi
Je veux que tu le fasses en ma présence.