Toujours à la porte, à la portée du présent
Vite, je cueille des mots déjà tardifs
Dans le taillis de l’Instant.
Auteur/autrice : silanxieuse
Dans l’étendu du rêve
Dans l’étendu du rêve
Je me promène – pousse de fougère,
reine de moi-même –
me déleste des plis du jour
me lave à l’eau claire
butine les images qui rendent le monde transparent et réel.
Mes matins
Mes matins ont la couleur de la nuit
Et avant que l’Aube n’ouvre sa pupille
J’enfile le collier des jours
Celui qui ternit ma beauté
Mais agrandit mon être
De vous porter je m’épuise
Et les nuits ne suffisent
Mais demain dans vos yeux
J’irai puiser à la source des jours
Pour revenir plus belle encore
Dans ma robe de patience.
L’été
L’été se couche dans les arbres
L’automne frappe à la porte
Dans sa robe flamboyante
Et je reste à butiner
Les dernières fleurs d’or de l’Instant.
J’aime cet arbre
J’aime cet arbre,
nourri d’ombres et de silences
J’aime cet arbre,
la douceur qu’il infuse à mon paysage
J’aime cet arbre
dont les racines empaument mes collines
J’aime cet arbre, ramure de mon sexe,
qui célèbre chaque jour ma nudité de brindille
J’aime cet arbre
qui polirait pour moi au galet toute une colline
J’aime cet arbre
qui me ramène à ma condition de glaise fine
J’aime cet arbre, mon amant de terre crue que je fis naître – moi, colline – et auquel je suis suspendue.
En chemin
Mon amour,
nous voilà au carrefour des trapézistes.
Te sens-tu prêt aux multiples sauts,
malgré cette queue absente
– archive préhistorique –
qui nous pend au coccyx ?
Nulle trace de chemin,
n’est-ce pas mon amour ?
Nous abreuvons des racines.
Assis là, mon amour, nous frayons notre possible,
la voie d’un vivre.
Que le vent se lève et emporte notre mémoire, au loin.
J’habite à la marge
J’habite à la marge,
à la margelle du monde
je réfléchis là
comme un miroir
abandonnée au chant
du soleil et de l’être
et je rêve – ultime vanité de poussière –
de n’avoir plus rien à dire.
« Nous avons pu passer
« Nous avons pu passer
La frontière de l’eau
Qui aurait pu recueillir
Sans amertume
Notre misère
Mais notre route est de vivre »
J’ai porté la terre
J’ai porté la terre
ronde, grosse et volumen
En moi,
son mouvement tellurique
ses poussées imprévisibles
sa sérénité d’eau dormante
sa croissance inextinguible de graine
J’ai senti le liquide
sur quoi tout repose,
sur lequel nous reposons tous
Et j’ai senti l’épiderme de la nuit qui passe la porte du jour.
En moi encore la trace
de la douleur, de la douceur
du cri de la force de l’éruption qui pousse
que rien n’arrête et qui coule –
Une douce violence que de naître à la lueur des jours.
Premier matin de neige
Premier matin de neige
Sur les collines endormies
Ton être qui s’éveille découvre
La blancheur assoupie
Dans ta pupille, mon sourire
De voir naître le tien.