La pluie qui tombe douce
une rime de ruine
et d’avenir.
Catégorie : S’ensauvager
Reprendre racine.
Parmi
Parmi les paysages que je préfère
l’extrémité des terres
où l’homme s’absente
et autorise la nature
à s’ordonner toute entière.
Quand
Quand le sel sincère
aura fini de ronger
ma corde amoureuse
je monterai sur la dune
me marier
à l’océan.
Le baiser
T’embrasser
– recueillir
le goût du souffle
sur mes lèvres.
Exotique
Exotique en mon jardin
il n’y a pas de meilleur lieu
pour repartir
que la terre
d’où je viens
– liane errante du lien.
Papier d’algue
Dans l’intimité des profondeurs
instruite des courants
qui emportent tout
et n’oublient rien
l’algue marine
dans son cocon d’eau oxygénique
cultive sa luminescence
appelle son arborescence
indifférente par nature
au passage du temps
– racine d’eau vivante.
Échappée
Délit de nuage
les yeux perdus de bleu
je m’évapore.
Grand-mère
Yeux protubérants
nez tordu
bouche béante
front de rides majestueuses
tressé de cheveux de plumes
je suis le masque-sentinelle
d’un cortège de femmes
peintes de vos violences
aphones de vos atrocités
mes pieds font trembler les siècles
frémissez de respect
frayez le mystère
débandez
vos armes
vos sexes
mes cuisses en dansant
assèchent les outrages du sang
apaisez ma colère
d’offrandes
osez convoquer l’ancêtre
hérissez-vous d’amour
le feu du souffle premier
excise
du coeur
la cruauté.
Paysage
Depuis mes falaises
je vois venir de loin
vos vagues d’humeurs
s’échouer
sur ma fracassante torpeur
bordure de calcaire qui s’érode
mère veilleuse de ressacs
dans son roc composite
de roches abruptes
et d’argile qui s’effrite
– merveille du tumulte des âges.
Hommage à Anise
À lire tes derniers poèmes,
je voyais bien que ta mémoire rajeunissait
qu’elle avait déjà pris la contre-allée
des trous noirs de l’oubli
pour une nouvelle galaxie
lumière
d’avoir transmis de l’intérieur
cette extrémité poreuse de la vie.