C’est la mer

C’est la mer qui me rassemble
Obstinée, elle déferle
Elle me rappelle
que je suis sans cesse celle qui part
et scellée au rivage
Dans l’écume, l’Être
forme un sillon fugace
que je tiens, fille d’Éphémère
pour me guider vers l’éclat
des noces de moi.

Il me manque

Il me manque cette solitude,
des heures longues à étendre des lettres
sur le métier à tisser l’âme
dans l’absence du monde
qui est présence au réel.

Louve parmi les ruines

Louve parmi les ruines
J’erre
Dans cet espace insolite

Fait de peu de moi
mais où ma trace est partout

Choix de passages
naviguent en mon âme

Choisirai-je la porte écarlate ?
Le fronton de la furie qui éclate ?

Fil à la patte
L’incertitude vorace.

Extasiée et nue

Extasiée et nue
à la surface de la terre
je rentre enfin
lisse, ronde et échouée
en bulles d’écume
aussitôt ensevelies
en grottes d’oublis
me marier à l’océan
extasié et nu
épiderme de la terre.

Alba

Plus que blanche
Et trop lascive
Je m’évertue
Et me tue
à être mortelle

En équilibre
Et prête au vol

Plonger dans l’indifférence noble

J’esquisse un sourire
de mue
Étrangement limpide
Face au vide.

Loneliness

Indiscernablement elle-moi
dans le confin d’un rêve
à la recherche du maître de l’oubli
Indiscernablement elle-moi
la parure d’un autre moi
me plie et me déploie
Indiscernablement elle-moi
l’urne nocturne de ma solitude.

Ariane

La femme, l’amante, la mère
Être toutes
et n’être qu’une seule
Être enfin
comme un homme

Impossible alchimie
de l’esprit, de l’instinct et du cœur
qui court
le long d’une vie

Séparation douloureuse d’avec l’enfant
qui surgit dans ses bras d’innocence
et d’exigence
qui nourrit et veut être nourri

Homme aux désirs multiples
inassouvis

Refuge interminable
de la femme
qui se perd et s’éloigne

SATISFAIRE
tous ces désirs en flamme
qui la consume
qui la condamne
à naître toute femme
dédale
de ses désirs à elle
elle perd le fil.