Pas de loi salique en poésie ?
Je me fiche du trône,
je brigue l’apothéose
Tant d’ambition parait nécessaire
au sexe de mère
pour apparaître aux côtés d’Homère
Faudra-t-il encore que je pose,
Ma nudité troublant les siècles, l’Église et les verges ?
Plaider pour un sexe
Quelle triste matière
Litanie de 21 siècles !
Catégorie : PERSONA
Dans la douceur de la nuit
Dans la douceur de la nuit enfin muette
Ma plume taquine l’infime sursaut
La petite étincelle qui scelle
Mon être à lui-même.
Je ne suis pas poète
Je ne suis pas poète
Je suis la poésie
Je ne suis pas un livre
Je suis la vie qui porte la vie
Je ne suis pas langage
Je suis la vague avant l’oracle, avant l’orage
Je suis le contraire de l’écrit
Je nais de la terre de l’indicible
Je ne suis pas un siècle
Mais l’esprit qui les traverse
Je suis dans tout, le rien et l’infini
Je ne suis pas connaissance
Je suis l’ignorance qui rêve et qui cherche son chemin
Je ne suis pas utile, je suis nécessaire
l’âme de toute matière.
Lente
Lente
ma migration commence
lentement
mes oiseaux guettent
l’aile aux aguets
le moment de partir
et passagère de mon âme
je m’élance soudain
en un pic de poésie.
Toujours à la porte
Toujours à la porte, à la portée du présent
Vite, je cueille des mots déjà tardifs
Dans le taillis de l’Instant.
Dans l’étendu du rêve
Dans l’étendu du rêve
Je me promène – pousse de fougère,
reine de moi-même –
me déleste des plis du jour
me lave à l’eau claire
butine les images qui rendent le monde transparent et réel.
J’habite à la marge
J’habite à la marge,
à la margelle du monde
je réfléchis là
comme un miroir
abandonnée au chant
du soleil et de l’être
et je rêve – ultime vanité de poussière –
de n’avoir plus rien à dire.
Collé à l’arrière du lobe
Collé à l’arrière du lobe,
du globe de mon oreille
je l’entends l’intrépide
qui m’appelle
– ritournelle, ritournelle –
me rappelle
à ma nudité de valise
à la rengaine de la brise
Voiles d’or,
mes souvenirs voguent
aux pays, aux paysages de moi inconnus encore.
Dans ce lieu
Dans ce lieu bombardé de ronces et de cigales
La cloche qui cavale me rappelle au temps
du muezzin chantant
Il m’en faudra encore
pour dessiner la rondeur des collines d’ici
qui ressemblent invariablement à celles de là-bas
ce lieu laissé
à ses nuages
à son couchant
à sa mémoire
Dormir un peu
pour oublier le chaos
l’âme traverse
traversée de pics
et de laves nostalgiques
refroidies
à la sueur
de l’écrit.
Navigation
Je parcours
estuaires de mémoire
île-abreuvoir
remembre le continent
regaine la page
couve et paille
fil à retordre
bulbes de mots
Traversée d’âme
en territoires iguanes.