Tu ne reconnais pas

Tu ne reconnais pas
les contours de mon âme –
c’est que la grande eau
a tout bousculé

Elle a évincé l’absence
l’ennui et le temps

Elle a fécondé ma lèvre
mes viscères

Et cette eau
en passant
fait que je ne t’appartiens plus

Regarde moi
Autrement
Regarde cette eau répandue
Comme un bienfait pour l’avenir
Regarde cette eau entière
enfin réunie
couler à tes pieds
sans que tu puisses la saisir

Accepte ce rêve
d’être oublié
dans l’amour
d’être nu
dans l’absence
perdu dans le désir

Je reviens
charnelle
charnue
de l’énormité de mon sexe
ouvert à cette eau
dans une saison de la terre
une vie, peut-être.

Figures

Figures masculines
Figurines
Golem de rêves
Glaise de désirs
Tu me cours après
je te suis
dédale de chimères
je lèche
ton corps de plâtre, d’Éphèbe
– Tes yeux –
Est-ce toi qui me piège ?
Je rêve !
Pouvoir de tes cheveux de pierre
Tendres parcours de lumières
Non que je t’aime
je brûle
– conscience qui s’éclaire –
et me déplace
d’images en images
qui dessinent le réel
noces sempiternelles
réitérées, continuelles
à l’aile de ton nom défendu
bouche sacrée
la vérité à main nue
rhizome du rêve.

Dans sa nudité onirique

Dans sa nudité onirique
– Nicholas –
l’elliptique blondeur pudique
iris au pénis étamine
a ouvert les yeux bleus de sa cage thoracique
par l’embrasure fine
– plongeon dans la treille du désir –
jouisselant nos pubis,
jusque là infirmes
un firmament de la hanche au coccyx
oh coquelicot de la salive saline,
tes cymules dessinent
soleil des mains capucines
vierge verge
vergers en fleurs de vertèbres
adventive je vrille
ton doux tronc d’orme pépie
– souffle chlorophylle –
aux contreforts de tes racines
frissons d’aréoles à cinéole
sous la langue ligneuse du laurier
pouces de mousse,
auriculés
candides velléités
rameaux de volupté
volubile l’occiput
liber jusqu’à la plante des pieds
verte tige
tu t’enracines
indécente déhiscence
en pleine canopée
tu ulules et capitules
orgasme caduc,
nous revoilà bifides.

Hieros gamos

Homme hiéroglyphique
Je cherche ta nuit
Je cherche ta cloche
AVOISINANTE
Je cherche la faille
et le bris de ton costume – danse
DANSE
de ton abri
IMMENSE MOI
de ce que je ne déchiffre pas
ABSOLUMENT
lance
et élance
un message
joue
joute moi joute moi joue de moi
blanche
IMPRIME MOI la défaite
du fantasme – SENS
SANS SENS
que je crée dès que je te vois –
franche –
franchis la limite
l’anse, l’angle
AVIDE MOI et vide-moi
de mes sens,
de mon sens
décontenance-toi
contiens-moi CAR CAR
JE PENSE, je vis
et je dis
MENS
DÉMENS la virilité de ton rire,
la vulgarité de ton avenir
rends MAIS rends-moi
l’obstination de ma défiance
RIS DE MOI
et suggère-moi
INVITE-MOI
à déclarer l’impuissance de ma voix
PANSE ce que tu déclares en moi
PANSE ce que tu éclates en moi
car tu MARASMES l’intelligibilité que j’ai de moi
mais longe PROLONGE-MOI
étends-moi ce désir
lent
lentement dense
blesse l’autorité que j’ai sur moi
et dégage-moi, étrangle-moi
ce rêve veule que j’ai de toi
Je veux que tu le fasses en ma présence.