Notre génie des bois

De l’affranchissement du greffon
reforestons notre imagination
repiquons nos indociles stolons
bouturons nos idées succulentes
marcottons nos hirsutes branchages
transformons nos visages, nos paysages
et de nos broussins de bavardages
pralinons encore nos mots sauvages
de terre fraîche, franche,
battante, revigorante
et des pieds-mères
les rhizomes traçant
les nouvelles forêts
d’un peuple de jardiniers fertiles
à demeure
sur la Terre.

Cortège

Nous arrivons les bras chargés de désirs
Le cœur peuplé de soutiens d’âmes invisibles
Les yeux plein de sources à ouvrir
Dans nos cœurs un brasier de silences
pour illuminer
le chaos à venir.

Silanxieuse

Me retrouver seule
silencieusement polyphonique
souci des miens
souci des autres
souci de soi
souci du monde
chaleur des bois
et l’envie soupirante
que le vent soulève toute cette nasse loin de moi.

Migrer

Nous nous délestons de nos biens
de nos liens
nous quittons ce continent
nu.e.s
l’iris plein de rêves
de chemins
et dans ces sillons de lumières
la certitude vitale
d’aller plus loin.

Cris

Peut-être es tu née pour incarner le cri ?
Pour hurler aux mystères de ta jeune vie, ta jalousie ?
Pour exiger des Parques une merveilleuse tapisserie ?
Pour défier les lois de l’harmonie ?
N’empêche, jeune furie chérie,
je respecte ton timbre haut ;
Sûr, tu n’es pas n’importe qui.
L’Infante Sirène d’une île sous la Lune
qui déchire la monochromie.

Trêve de soleil

Trêve de soleil
nous arpentons
notre versant nord
jusqu’au sommet des doutes
incapables de nous quitter
il nous faudra
à bâtons rompus
converser
dans l’écho de nous-mêmes
pour trouver
sinon une issue
au moins une route
– l’horizon nous attend.

Bientôt

Bientôt nous verrons
des prairies de femmes en fleurs
sommités impossibles
à dégager du moindre papillon
vous y viendrez chercher un nuancier de couleurs
pour votre inspiration
et grâce des vents,
le miracle de la pollinisation.