Avec le froid
mes fenêtres
s’ouvrent
au doute immense
qui m’empare toute
Le vent glace mes certitudes soudain si frêles
ma sécurité soudain si fragile
ma vie soudain si fébrile
je vacille
flamme de bougie
dans la respiration des soirs
ma nuque est lourde
comme remplie de sable
le temps
qu’il traverse cet hôte-là
je pèse
les jours longs de nuit
la peur insubmersible de mourir
je pèse
de tout mon être
l’incertitude de la route
Tout était si beau, si bien
et il a fallu que le froid arrive
qu’il me saisisse et qu’il m’habite
comme toujours –
comme un oiseau en cage
je me sens comme un oiseau en cage
grimée de larmes qui s’étaient retenues loin
– absorbée
encore tout ce noir
que je croyais parti
mordre la poussière
à nouveau l’effroi
de me sentir illégitime
ça crie à l’intérieur de moi
ne suis-je donc que ça ?
transparente
je suis transparente
là dans mon cocon de noir.
alors je file
prendre la passe
me taire,
me terrer
au fond de l’océan
je plonge
faire couler mon âme
ouvrir cette écoutille
au noir complet
et remplir mes fanons
-ô quiétude du plancton !-
juste mon humble respiration
et m’écouter vivre enfin en paix
avec les autres et moi-même.