Si je savais peindre
je dessinerais d’abord
un soleil d’or
dans tes yeux
qui gommerait
tes sourcils sombres,
acides sur le monde
Je dessinerais aussi la grâce
de l’onde, de l’ombre de ton désir
sur le mien
et puis sa vibration
Je dessinerais encore
un alphabet du corps
qu’on pourrait lire quand on s’endort
Je dessinerais en clair
l’interstice de la matière
cette farandole de poussières
qui circule dans l’air
et fait de nous des êtres de chair
Je dessinerais peut être
la quête des âmes muettes
J’aimerais aussi donner des contours au mystère,
une forme plus familière
pour qu’il me serve d’amer
Peut être parviendrais-je
à faire un croquis
d’un esprit qui réfléchit?
Si je savais je dessinerais aussi tout cela
les choses qui comptent et qu’on ne voit pas
l’invisible figure humaine
passagère de ses états
le moment du doute, de la paix, de la peine, de la joie
tous ces moments qui comptent
et qu’on ne voit pas.