Tout glisse sur moi

Tout glisse sur moi
Je vais bientôt accoucher
Bientôt les cris oubliés me deviendront familiers
Un nouveau corps habitera mon être, mes rêves
Ce corps étranger me deviendra familier
Son prénom même inconnu maintenant va entrer dans ma vie comme on passe une porte pour ne plus me quitter.
J’appréhende le passage que je ne peux anticiper
Agrandir mon cœur et mon corps
Donner sereinement avec amour et humilité
Revivre la fatigue et la joie d’un nouveau né
Répandre mon corps, répondre encore et encore
Accepter
Aimer à s’en déployer l’aile dorsale
et naviguer sereins dans l’océan du quotidien
Balayer, balayer l’eau des craintes, des troubles, de la culpabilité
Continuer à penser
Équilibrer l’équipée, écoper si besoin sans rechigner
Savoir dire non, se délester
Avoir confiance dans la simplicité
Savoir laisser le temps filer, s’écouler
Boire l’eau salée de la maternité
Par vagues – inspirer
Revivre ce rêve
De s’oublier dans l’amour
De s’immerger dans la nouveauté
De l’être à découvrir, à apprivoiser
à orner de pensées douces et fertiles
AIMER
dans toutes les tonalités
des abîmes des entrailles
aux plus vigoureuses tétées
Donner le sein pendant de féminité
Prendre la main,
caresser
Mêler les amours
Tisser
Les sangs, l’hérédité
Continuer
dans l’infiniment invisible
Temps d’éternité.