Nous attendons un signe favorable,
Nous attendons, inexorables
De cette transe délectable,
Inextinguible,
Que surgisse l’appétit bleu de la nuit,
Que se retourne le gant de nos jours incrédules.
Tonnerre d’espoirs !
De l’alcool,
Que s’ouvre les arcanes du ciel !
De l’encens,
Que s’élèvent les mânes d’un prophète !
De nos autels votifs,
Que chante la parole d’un dieu !
De nos imprécations,
Que se dresse le visage d’une parole !
De nos plantes puissantes,
Que se montre l’écrin du divin !
Des tambours,
Que cède la frontière invisible !
Des fétiches,
Que prenne vie l’icône !
De notre exubérance profane,
Que se répande le règne sacré !
Apparition des terminaisons de l’esprit aux longs doigts verts, agis !
Aux préaux du ciel,
Transmets la magie de nos attentions,
Dis que nous savons qu’il existe,
Dis que nous attendons, toujours plus affables, ses signes,
Dis que nous cherchons, aveugles, sans trouver,
Fais-toi l’interprète de nos questions.
Qu’il tonne !
Nous comprendrons !
Qu’il pleuve !
Nous essuierons !
Qu’il vente !
Nous tiendrons !
Dis encore que nous sommes dans l’erreur et prêts à nous mettre à genoux,
Raconte les mythes auxquels nous croyions, pour qu’il sache qu’il est encore debout parmi nous,
Dis que nous laissons toute puissance sur la terre de notre ignorance,
Dis encore que nos vies suintent d’incertitudes et que nous patientons.
Qu’il noie nos totems !
Nous exhumerons !
Qu’il anéantisse notre savoir !
Nous demeurerons !
Qu’il défigure nos terres !
Nous reconstruirons !
Confie lui enfin, apparition, que nous craignons d’être seuls et emporte avec toi dans ce ciel bleu la trace entière de nos intentions.
Publié dans la revue Project'îles (n°3) mars 2013