Liminaire

Novlangue des cimes
Notre poésie s’élime
Ramassée en paquets
Plus de rouflaquettes.

Va-t-elle à l’essentiel ?
Est-elle encore spirituelle ?
Vouée à l’éternel ?
Laisse-t-elle jaillir un brin d’ aile ?

Elle n’a plus d’envergure,
Plus d’épique mesure
Est-ce lié à nos pratiques d’écriture ?
À la modernité qui délure ?

Tweet hâtif, les mots se terrent
Dans l’inertie du vocabulaire.
On s’empresse à dire
– distique géométrique –
et d’ellipse en ellipse
un mot pourrait-il porter
et le Ciel, et la Terre et l’Enfer ?

Petites stèles modernes,
miniatures déposées aux pieds de l’Éphémère,
stèles individuelles, portées aux eaux du fleuve Internet –
esperluettes immatérielles
Mots graines, pépites-poèmes jetés, fugaces, le temps d’une étincelle
et absorbés par la toile chronophage comme des bulles de mer
fils de souris, impossibles à rouir
déroulent et dévident avides
un fuseau d’excédent de vie à l’infini.

Qu’Argus s’en repaisse.